Combien d’argent ? Pour qui ? Et quel clan s’enfonce dans le mensonge ? Trois questions essentielles que le tribunal devra trancher.
Il adorait mettre en scène les histoires familiales, décortiquer les ressorts de l’âme humaine ou confesser sur plateau les écorchés de la vie. Mais se doutait-il que sa propre mort déclencherait un tel tohu-bohu médiatique, qui apporte chaque semaine son lot de rebondissements et de révélations ? Se sachant perdu, condamné par son cancer, Jean-Luc aurait laissé des instructions très précises à sa jeune épouse Anissa pour éviter toute fuite et la pression des paparazzi. « N’annonce ma mort à personne, lui fait-il promettre, car je ne veux aucune photo volée de mon cercueil, du transfert dans l’ambulance, de l’enterrement… » Résultat : cette culture du secret n’aura fait qu’amplifier le mystère et les rumeurs autour de sa mort et de son inhumation.
Première énigme, celle concernant son patrimoine. Combien y a-t-il vraiment sur les comptes, objets de toutes les convoitises ? Des procédures sont en cours pour établir une bonne fois pour toutes l’estimation de la fortune Delarue. Un chiffre global de 30 millions est avancé. Il comprendrait un appartement de 350 mètres carrés rue Bonaparte à Paris, une maison à Belle-Île-en-Mer, plusieurs oeuvres d’art, sa société de production Réservoir Prod et enfin de l’argent en banque. Selon le JDD, de fortes sommes en liquide (par tranche de 6 000 ou 10 000 euros) auraient été retirées fin 2011. Dans quel but ? D’après le journal, à la mort de l’animateur, il restait environ 10 000 euros sur son compte et un peu plus de 100 000 euros en actions. Si ces chiffres sont confirmés, cela paraît un peu faible au regard du revenu annuel de Jean-Luc Delarue (584 000 euros), sans compter les dividendes de sa société de production. Interrogé à ce sujet sur RTL, l’avocat d’Anissa, maître Francis Szpiner, s’est voulu rassurant, même s’il est resté imprécis : « Il y a de l’argent dans Réservoir Prod, a-t-il confirmé. Personne ne sera lésé. »

« Répugnant et scandaleux ! »
Personne ? À voir, car la deuxième polémique concerne bel et bien le testament. Seuls son épouse Anissa et son fils Jean, 6 ans, sont désignés comme héritiers : la première des biens immobiliers, le second de Réservoir Prod. La mère de Jean, Élisabeth Bost, a été écartée par l’animateur, ainsi que ses proches parents. Rancune ? Vengeance ? La famille crie au scandale, elle souhaite avoir accès aux pièces et lance ses avocats. Le clan ne comprend pas comment la mère d’un enfant peut être ainsi lésée et comment un administrateur peut être désigné – fût-il le meilleur ami de Jean-Luc – pour s’occuper des intérêts de l’enfant jusqu’à sa majorité. Chacun fourbit ses armes et ses arguments, au nom de la défense des intérêts du petit Jean. Mais l’administrateur désigné ne pourra de toute façon agir que sous le contrôle d’un juge des tutelles, obligatoirement nommé pour protéger les droits du mineur.
L’autre point litigieux qui intrigue la famille reste ce codicille ajouté par Jean-Luc Delarue moins de deux mois avant sa mort, faisant d’Anissa son héritière à 50 %. « Il n’y a pas de problème sur cet héritage, insiste maître Szpiner. Jean-Luc Delarue était pleinement conscient de ce qu’il faisait malgré sa maladie. » Mais il se dit choqué par le procès d’intention mené contre sa cliente. « Je voudrais rappeler qu’Anissa a vécu avec un homme malade, qu’elle a souffert avec lui, qu’elle est veuve et qu’on pourrait peut-être la ménager. Je suis scandalisé de cette insinuation sous-jacente : c’est la petite beurette qui a mis le grappin sur un homme physiquement diminué, elle l’aurait même converti à l’islam, elle l’aurait enterré contre son gré dans le carré musulman pour prendre l’argent et dépouiller un petit enfant sans défense… Tout cela est répugnant et scandaleux ! »
Troisième polémique, et pas la moindre : l’apparition d’une fille cachée, Chelsea, 12 ans, qui s’invite au partage au dernier moment. Sa mère, Kelly M., a déposé une demande de reconnaissance en paternité en juin dernier et demande 3 000 euros mensuels de pension et 5 ans d’arriérés en s’appuyant notamment sur des preuves et des attestations. Anissa vient de décider de contre-attaquer en déposant une plainte pour « tentative d’escroquerie au jugement, faux, usage de faux et faux témoignage ». Selon maître Szpiner, Jean-Luc Delarue s’est montré indigné lors de cette procédure, en juin dernier, « n’y voyant qu’une gamine en train d’être conditionnée par sa mère ». L’avocat d’Anissa ne semble pas trop inquiet par cette demande, qui pourrait aboutir à un partage en trois du patrimoine si la filiation est reconnue. « Les pièces qui accompagnent cette requête sont soit des faux, soit un montage photo, soit des e-mails trafiqués, avance-t-il. Il y a deux attestations qui, pour nous, sont de faux témoignages. Pour l’une d’entre elles, je crois savoir qu’une des personnes s’est rétractée. » À la justice revient la mission délicate de séparer le vrai du faux dans cette affaire.
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